Les flux migratoires sont une constante de l’histoire de l’humanité. Il est difficile, voire impossible d’empêcher la mobilité des êtres humains. De tout temps, les hommes et les femmes ont migré pour des raisons économiques, politiques, sociales, culturelles etc.
Aujourd’hui, il y a environ 200 millions de migrants internationaux dans un monde de plus de 6 milliards d’habitants, soit environ 3 % de la population mondiale. Et, comme on l’ignore bien souvent dans les pays du Nord, 80 % des migrations dans le monde se font de pays du Sud vers d’autres pays du Sud.
La libre circulation des personnes est garantie par la « déclaration universelle des droits de l’Homme » (articles 13 et 14). La réalité, hélas, est bien différente. Ainsi, par exemple, si les étudiants européens sont encouragés par des bourses à faire une année d’études dans un autre pays et donc à ouvrir leur esprit et leur regard à d’autres réalités, il n’est pas de même pour des étudiants africains ou de certains pays d’Asie.
On ne quitte pas sans raisons profondes son pays, sa culture, sa famille. La crise économique mondiale a montré qu’une économie de marché dite « libre » sans règles et sans limites ne peut créer un monde plus équitable et plus juste. Les travailleuses et les travailleurs ont été les premières victimes de cette crise, particulièrement dans le sud.
L’absence de démocratie, la corruption, le manque d’avenir pour les jeunes, la misère, la faim, notamment dans le monde paysan entraîne une hausse des migrations internes (campagnes vers les villes) ou externe (vers les ays limitrophes ou bien au-delà). Alors, au péril de leur vie, des hommes, des femmes et même des enfants entreprennent un long voyage espérant trouver dans un autre pays un avenir meilleur. Certains périront en mer ou dans les sables du désert, d’autres seront dépouillés par des passeurs, des bandits. Un certain nombre restera bloqué dans les pays frontières où ils vivront dans la misère et le dénuement. Ceux qui réussissent à passer connaitront les camps de rétention, les expulsions ou la clandestinité.
La globalisation économique oblige donc à repenser les phénomènes migratoires. Il faut sortir de la vision de la migration comme un danger permanent, sortir de la peur, souvent alimenté par certains politiques, qu’elle suscite. Les politiques sécuritaires et de répression, mises en place par les pays du
Nord, montrent leurs limites et à terme, sont vouées à l’échec. Il est aussi important de dénoncer l’hypocrisie qui consiste à faire la chasse « aux clandestins » alors qu’un grand nombre d’entre eux ont un emploi régulier et qu’ils participent activement à l’économie du pays d’accueil.
On ne peut accepter que la régulation des flux migratoires se fasse en fonction des seuls
besoins des économies des pays du Nord, au gré du marché et contre l’unité des familles. Il n’est de solution durable que par des accords équitables négociés entre pays d’origine et d’accueil dans une visée de développement solidaire.
« Une seule famille humaine »
« Tous les peuples forment ensemble une seule communauté » (Actes 17/26)
Face à la situation des migrants aujourd’hui, nous sommes, toutes et tous appelés à une conversion progressive en faisant tomber les frontières culturelles, les clichés ; en voyant dans l’étranger un frère en humanité, une chance et non une menace pour le meilleur développement des uns et des autres.
«Tous appartiennent… à une unique famille migrants et populations locales …. Et tous ont le même droit de bénéficier des biens de la terre dont la destination est universelle….». Ce message du Pape Benoit XVI pour la 97ème journée mondiale du migrant et du réfugié, trouve son écho dans les nombreuses actions menées par les mouvements membres du MMTC en direction des migrants et de leurs familles : aide aux sans papiers, lutte contre le racisme, soutien aux travailleurs et aux travailleuses migrants exploités par la création de syndicats, d’associations pour la défense de leurs droits etc. Là où règne l’injustice et l’arbitraire, des membres des mouvements du MMTC avec d’autres, se battent pour la justice et pour que la place et l’apport des migrants soient reconnus dans la société.
Il ne s’agit pas de nier les difficultés, les obstacles nés de la rencontre souvent non choisie de cultures, de manière de vivre, de penser bien différentes. Des incompréhensions naissent, des conflits se font jour, des communautés de referment. La crise économique, la montée du chômage et de la pauvreté, les conditions de vie et de logement souvent dégradées viennent renforcer ce phénomène. Le vivre ensemble est alors menacé et on voit monter en Europe et dans le monde, les idéologies d’extrême droite accusant les migrants de tous les maux de la société.
Cette situation est très dangereuse. Dans une société mondialisée, la solution ne peut résider en un renfermement des pays sur eux-mêmes. Au contraire, les cultures doivent se rencontrer « par le haut » et mettre en commun ce qu’elles ont de meilleur dans un « donner et recevoir » réciproque.
C’est à cette tâche difficile que les membres des mouvements du MMTC sont attelés depuis déjà de nombreuses années convaincus au plus profond de leur être qu’ «il n’y a pas d’étranger dans la maison de Dieu». Par leurs actions, leur détermination, ils sèment les graines d’un monde futur, métissé, multiculturel où «l’homme ne sera plus un loup pour l’homme».
C’est pourquoi le MMTC fait sienne la prière du Pape Benoit XVI pour que les «hommes et les femmes [soient] capables de relations fraternelles et [que] sur le plan social, politique et institutionnel… s’accroissent la compréhension et l’estime réciproque entre les peuples et les cultures».
Le secrétariat du MMTC
20/12/2010