Des membres de diverses organisations civiles et ecclésiales nationales et internationales ont participé au séminaire, réunissant au total une soixantaine de participants. Le séminaire a également accueilli le maire de Sesimbra, l’évêque du diocèse de Setúbal et des représentants d’EZA, le Centre européen pour les Travailleurs.
La rencontre a débouché sur quelques conclusions sous forme de constats, de convictions et de défis à relever. En voici l’essentiel :
Le travail humain subit de grandes mutations. Celles-ci ne doivent pas entrainer un recul de la civilisation.. Alors que le travail décent et rémunéré à sa juste valeur est reconnu aujourd’hui comme un droit humain important, consacré dans les constitutions nationales et dans le modèle européen, , pourquoi ce droit est-il de plus en plus limité ou bafoué? Pourquoi après une décennie de réformes des lois du travail et l’adoption de nouveaux codes du travail et de mesures de flexibilité, avons-nous davantage d’emplois précaires et de chômage ? Le travail perd aujourd’hui son rôle central en tant que facteur d’épanouissement humain et de développement social et l’employabilité reste limitée aujourd’hui à ceux et celles qui ont su s’adapter à la flexibilité et à la mobilité demandées. Des millions de personnes partout dans le monde en sont exclues.
L’Organisation Internationale du Travail (OIT) elle-même craint une augmentation de l’instabilité et de la précarité de ceux qui ont un emploi. Elle évoque une dégradation des relations sociales, une perte de confiance dans la justice, les institutions publiques et politiques et un éloignement du citoyen qui représente une menace pour la démocratie. L’OIT évoque également le piège des politiques d’austérité adoptées par les pays qui ont une meilleure situation économique. Ces politiques se voulaient préventives mais ont aggravé la situation et diminué la compétitivité des pays en difficulté.
Elles ont conduit à un affaiblissement des normes du travail, provoqué en grande partie par les marchés spéculatifs et des politiques d’austérité catastrophiques telles que la diminution des salaires et la limitation des droits des travailleurs. Il serait faux de croire qu’hommes et femmes, jeunes et adultes, n’aient pas envie de travailler. Une idée absurde et un affront pour ces travailleurs. Les jeunes, les travailleurs qualifiés et les travailleurs plus âgés paient aujourd’hui les conséquences d’un système économique centré exclusivement sur le mercantilisme et la productivité.
Travailler est un devoir, il correspond à la vertu du travail. Pour cette même raison, le travail implique une organisation sociale humanisante qui permet l’épanouissement de la personne par le travail et non la dégradation de la personne par celui-ci. Les biens de la terre sont un don du Créateur et nul ne doit s’en emparer. Le principe de la destinée universelle des biens et leur utilisation commune passent avant le principe de la propriété privée.
Ainsi il est fondamental de continuer à proposer des alternatives réalisables pour remettre le principe du travail décent à l’agenda politique.
Il est urgent de débattre à propos de la valeur réelle du travail humain, dans le respect de la capacité et de la créativité de chacun. Le travail est source de dignité, de valeurs et de reconnaissance ; il est un facteur d’inclusion et d’engagement sociaux, une condition pour l’intégration au sein d’une société solidaire et organisée dans laquelle chacun fait partie d’un tout.
Des modèles économiques alternatifs et plus durables existent et peuvent être créateurs d’emplois nouveaux. Nous pensons notamment à l’économie sociale, solidaire et coopérative, aux secteurs énergétiques, environnementaux et aux initiatives visant à garantir la souveraineté alimentaire des pays.
Il est urgent d’œuvrer en faveur d’une plus grande démocratisation du monde des entreprises, de renforcer les processus de négociation collective et de promouvoir un dialogue social véritable et fructueux par lequel les travailleurs, à travers leurs représentants, peuvent exprimer leurs idées et formuler leurs propositions.
Il faut redonner un caractère politique aux discours et aux propositions car la politique est un outil de participation démocratique auquel il est urgent de donner une dimension internationale.
Nous devons formuler des propositions à court terme, convaincus que la solution à la crise passe d’abord par l’élimination du chômage que par le sauvetage du système financier.
Nos mouvements de travailleurs chrétiens sont appelés et mis au défi de transformer et d’humaniser la société par l’accès de tous les hommes et toutes les femmes à un travail digne, rémunéré à sa juste valeur, créatif et libre, car pour nous, le travail s’intègre dans l’acte de la Création et c’est par ce travail que chaque homme et chaque femme se reconnaît à l’image de Dieu.
Le Séminaire, préparé et organisé par la Liga Obrera Católica – Movimiento de Trabajadores Cristianos (LOC/MTC) du Portugal, a obtenu le soutien financier d’EZA, Centre européen pour les travailleurs, et de l’Union européenne.
Sesimbra, le 10 juin 2012
L’Equipe Nationale de la LOC/MTC