La précarité au travail, le chômage généralisé, l’exploitation et l’esclavage auxquels sont soumis de nombreux travailleurs, ne sont que les conséquences d’un modèle mercantiliste dont le concept du travail a été transformé par le pouvoir économique néolibéral. Les travailleurs, créateurs de richesses grâce à leur travail et copropriétaires des bénéfices de la production comme l’explique Jean Paul II dans son Encyclique Laborem Exercem, ne sont valorisés par les entreprises que par le profit financier qu’ils produisent. En temps de récession et de restructuration, les travailleurs sont les premiers à perdre leur travail sans aucune compassion ni respect pour leurs droits et leur dignité.
Le chômage est considéré comme l’un des grands maux du XXIè siècle et il ne cesse d’augmenter. L’Organisation Internationale du Travail (OIT) a informé récemment que 197 millions de personnes ont été victimes du chômage dans le monde en 2011. On évalue que de total atteindra les 200 millions en 2012. En Europe, des pays comme l’Espagne, la Grèce et le Portugal, dont le taux de chômage est extrêmement élevé, voient apparaître un grand nombre de nouveaux pauvres. En Espagne, par exemple, 50% des jeunes sont sans emploi pour un taux de chômage total de presque 30%. Une telle situation conduit les gouvernements à restreindre la venue et l’intégration des migrants et à imposer des réformes des lois du travail facilitant les licenciements, l’emploi au rabais et la limitation des droits de ceux qui ont encore la chance de travailler.
Nous vivons dans un monde globalisé et mondialisé, également soumis aux grandes vagues de solidarité entre les peuples, que ce soit pour cause de guerre, de catastrophe naturelle, de famine, ou pour soutenir les mouvements du Printemps arabe, ou encore pour dénoncer l’esclavage auquel on soumet les migrants dans certaines filiales d’entreprises multinationales au Brésil. Dans ce dernier pays, la dénonciation qui a été faite a permis à la justice brésilienne de constater les faits et d’obliger l’entreprise en question à signer le Pacte national pour l’éradication de l’esclavage au travail et à indemniser les travailleurs migrants. Ces mesures renforcent les dispositifs légaux en vigueur pour les entreprises du pays.
Nous sommes conscients du fait que le travail doit être la base du système économique et social dans tous les pays et toutes les cultures. C’est le travail qui favorise la coopération entre les citoyens et la société et assure l’indépendance économique de celui qui le réalise. Pour nous, le travail est source de dignité, de valeurs et de reconnaissance sociale. Il permet l’exercice de la citoyenneté, est un facteur d’inclusion et d’engagement social et une condition nécessaire pour l’intégration au sein d’une société solidaire et structurée, dans laquelle chacun fait partie d’un tout. Grâce au travail (dans l’agriculture, l’industrie manufacturière ou les services) les hommes et les femmes partout dans le monde défendent leur qualité de vie et celle de leur famille.
C’est pourquoi les mouvements de travailleurs chrétiens intégrés au sein du MMTC, portés par l’Evangile et la Doctrine Sociale de l’Eglise, réaffirment que l’homme et la femme sont des êtres créés par Dieu. Les maltraiter, les soumettre à la loi du plus fort et empêcher qu’ils vivent en dignité est un attentat contre l’OEuvre de la Création. Ne pas valoriser le travail par une rémunération juste, obliger les travailleurs à migrer en dehors de leur région ou de leur pays pour pouvoir survivre, les forcer à avoir plusieurs emplois pour compléter un salaire insuffisant pour vivre, devoir tout accepter dans la peur de perdre leur emploi, telles sont les atteintes actuelles à la dignité des êtres humains.
Le travail humain doit permettre le développement de toutes les dimensions de la vie. Un contrat de travail ne doit pas seulement exiger du travailleur qu’il soit productif mais octroyer à celui-ci du temps libre pour sa famille, sa vie sociale, politique, culturelle et spirituelle.
Nous voulons bâtir un réseau de solidarité et de fraternité avec les travailleuses et travailleurs vulnérables, affaiblis, démoralisés, à fin de dénoncer les injustices et d’annoncer la Bonne Nouvelle de la Résurrection. Nous voulons que ce réseau puisse faire émerger de nouvelles mentalités et une nouvelle culture plus humaine, qui contribueront à construire un monde plus juste et plus équitable dans la distribution des richesses, un monde plus solidaire et fraternel.
Le Secrétariat Général du MMTC